Rapport mondial des villes - Vivre ensemble
Pour la première fois de l’histoire, plus de la moitié de l’humanité réside dans des régions urbaines. Cette urbanisation en constante évolution a radicalement changé le modèle de développement des villes. Le Rapport mondial des villes, qui vient d’être publié par ONU-Habitat, identifie les grandes tendances qui caractérisent les communautés urbaines depuis les 20 dernières années : le développement urbain, les changements de schémas familiaux, la croissance des populations urbaines, les habitats informels (ex. : bidonvilles), et le défi d’offrir des services urbains de qualité et disponible pour tous. On constate par ailleurs que ces enjeux perdurent depuis la Première conférence internationale sur l’Habitat (Vancouver, 1976).
Depuis, l’approche centrale de l’ONU-Habitat est passée d’une démarche sectorielle à une planification urbaine stratégique et sur des bases plus globales de la politique urbaine. Chacun des éléments de l’urbanisation est interrelié et indissociable. Il est impossible de construire des villes durables sans faire la promotion du vivre ensemble. Les plans sur lesquels se basent l’aménagement des villes ne se concentrent plus uniquement sur l’aménagement physique des lieux, mais se construisent pour maximiser l’aménagement social et multiculturel des villes. On préconise une approche de plus en plus « vers le haut » (bottom-up).
L'habitation comme enjeu structurant
Selon ce rapport, le principal enjeu des villes dans un avenir rapproché est l’habitation. C’est un pilier du développement et de la croissance des villes dans un monde urbanisé. La population urbaine du monde est passée de 2,6 milliard (45 pour cent dans la population totale) en 1995 à 3,9 milliard (54 pour cent) en 2014. Ce processus d’urbanisation est loin d’être régulier dans toutes les régions et a donné lieu à l’émergence de nombreuses mégalopoles. Ces villes, avec des densités de population forte, ont le défi d’offrir un accès au logement et autres services urbains. De plus, les villes connaissent de plus en plus de diversité (ex. : religions, nationalités, ethnies, orientations sexuelles, etc.), où les gens doivent vivre et travailler, les uns avec les autres.
Les villes au cœur d’une série d’enjeux de développement
Une série d’autres enjeux sont relevés comme étant de nouvelles problématiques observées dans les villes depuis les dernières années. Ces enjeux concernent notamment la gouvernance et les finances urbaines. D’autres enjeux majeurs, tels que les changements climatiques, l’exclusion, la croissance des inégalités, la croissance de l’insécurité et la montée de la migration internationale retiennent particulièrement l’attention des dirigeants dans les dernières années.
Le Vivre ensemble au cœur du développement urbain
L’urbanisation joue un rôle important dans les questions du Vivre ensemble notamment dans l’accès aux opportunités, au progrès économique et social, ainsi que pour la création d’un cadre de vie sécuritaire et de qualité. Les villes sont de plus en plus des lieux de diversité où les cultures, les religions et les langues se côtoient. Le bilan des dernières années nous montre que 75% des villes ont des taux plus élevés d’inégalités de revenu qu’il y a 20 ans. Ce problème en croissance accentue la précarité et l’insécurité au sein des populations du monde. Beaucoup trop de villes ont échoué dans la création d’espaces de vie durables pour tous (pas seulement physiques, mais également civiques, socio-économiques et culturels). Les initiatives des villes doivent donc être dirigées par un objectif de renforcement des milieux de vie et de maximisation de l’apport de tous au développement de la communauté.
Vers un nouvel agenda urbain
Afin de répondre aux enjeux urbains de l’avenir, les villes doivent prendre des actions concrètes. En vue de la prochaine Conférence Habitat III à Quito en octobre prochain, quelques grandes lignes d’actions à prendre par les villes ont été développées dans le document de travail du « Nouvel agenda urbain ». Ces recommandations incluent notamment :
- Le besoin d’adapter les institutions locales pour assurer la coexistence pacifique dans les sociétés de plus en plus hétérogènes et multiculturelles. L’objectif est de favoriser la compréhension mutuelle et l’acceptation, et ainsi réduire la violence dans nos communautés.
- Le besoin d’un environnement sécuritaire dans les villes pour que chacun puisse vivre, travailler, et participer à la vie urbaine sans une peur de la violence et de l’intimidation.
- Le besoin de mesures afin de contrer les sentiments négatifs et dominants anti-migrant.
Habitat III arrive au bon moment, non seulement pour renouveler l’engagement international des villes en faveur de l’inclusion, mais aussi pour agir à titre de plateforme de dialogue sur les nouvelles théories, pratiques et politiques de planifications urbaines sur les villes inclusives.