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Blog: Halifax, une ville accueillante pour les réfugiés

7 novembre 2016
En novembre 2015, quand le gouvernement canadien a annoncé son intention d’accueillir 25 000 réfugiés syriens, la province de la Nouvelle-Écosse a salué l’initiative tout en décidant de s’y joindre.

Par Ather Akbari (PhD), Professeur / chercheur en économie, St. Mary's University, Halifax

En novembre 2015, quand le gouvernement canadien a annoncé son intention d’accueillir 25 000 réfugiés syriens, la province de la Nouvelle-Écosse a salué l’initiative tout en décidant de s’y joindre.

La baisse du taux de fécondité et l’exode de la population locale ont ralenti le rythme de croissance de la population dans la province, de sorte que si ce n’était pas l’immigration, la population de la province aurait fortement décrue au cours du premier trimestre de l’année en cours (NDLR: la province compte 947 000 habitants, seulement 2.6% de la population canadienne, dont 18% est âgée de plus de 65 ans). Cependant, en 2015, la province avait réussi seulement à attirer 1.25% du bassin des nouveaux résidents arrivant au Canada. Il faut noter que la province reste très active depuis le début des années 2000 dans l’adoption de stratégies permettant de retenir les immigrants. La province ne peut donc que se féliciter d’avoir permis l’accueil des réfugiés syriens et ceci demeure compatible avec les objectifs généraux du programme d’immigration, qui plus est, possède un avantage économique certain.

Selon un membre du conseil de la chambre de commerce d’Halifax, Mr. Robert Batherson, « un grand nombre de chefs d’entreprises qui ont bien réussi étaient, à la base, des réfugiés libanais qui avaient fuit la guerre civile dans les années 60 et 70 [ils] viennent donc en Nouvelle Écosse, créent de la richesse, favorisent la création d’emplois et augmentent les recettes fiscales par la même occasion. Je suis donc honoré et impatient de découvrir le potentiel de ces réfugiés syriens, qui seront sûrement les protagonistes d’histoires à succès en Nouvelle Écosse pour les trente prochaines années ». 

Halifax est la capitale de la Nouvelle-Ecosse, comptant une population de 418 000 néo-écossais. La plupart des nouveaux immigrants entrant dans la province, s’établissent à Halifax. Cette dernière a entrepris de nombreuses initiatives dans le but d’accueillir les réfugiés et faire sentir à ses derniers qu’ils peuvent se sentir finalement chez eux. Le Maire d’Halifax a d’ailleurs co-présidé un comité national chargé d’apporter des réponses et des solutions municipales à la crise des réfugiés syriens.

En septembre 2015, le personnel de la région municipale d’Halifax a recommandé au conseil régional de soutenir les réfugiés qui ont fait l’objet d’un parrainage de la part du secteur privé à Halifax en soutenant les communications et les échanges d’information par l’intermédiaire du partenariat local d’immigration (PLI). D’autres canaux de communication également peuvent être utilisé pour relier les personnes intéressées aux détenteurs d’accord de parrainages locaux (SAH). Le SAH est une organisation ayant signé un accord d’entente avec le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté (IRCC) et travaillant en étroite collaboration avec les groupes constitutifs (GC) qui peuvent parrainer des réfugiés en vertu de l’accord de la SAH. En vertu de l’accord, la SAH détient la responsabilité globale en ce qui a trait à la gestion des parrainages. Afin de gérer au mieux cette responsabilité, les SAH ont établit une grille de critères applicables aux parrains. Les parrains sont tenus de soutenir et de subvenir aux besoins des réfugiés au cours de leurs douze premiers mois au Canada. Dans le passé le conseil avait déjà manifesté son souhait, lors d’un plaidoyer, d’augmenter le nombre de réfugiés à Halifax.

Dans le cadre des recommandations ci-dessus, le conseil régional d’Halifax a également approuvé la recommandation qui consistait à aider les réfugiés en leur procurant un accès au transport en commun ainsi que d’autres services municipaux. La société de transport Halifax Transit fournit des titres de transport temporaire aux réfugiés pendant leur première année d’établissement. Les réfugiés ont également reçu des cartes d’identité leur permettant d’accéder à certains services municipaux incluant les loisirs et les bibliothèques. Notons que ce soutien devrait permettre d’attirer davantage de réfugiés vers la ville d’Halifax. «  Tout d’abord, ceci permettra de mieux coordonner les services à l’entrée, ensuite il impliquera la fourniture de services municipaux, gage d’un meilleur établissement et d’une meilleure intégration au sein des ces réfugiés ».

Le coût moyen d’un titre de transport mensuel à Halifax est de 68$. Entre le 4 novembre 2015 et le 31 juillet 2016, pas moins de 899 réfugiés syriens sont arrivés à Halifax. Si ce chiffre tenait à se confirmer pour la période allant jusqu’à décembre 2017, le coût global pour la municipalité serait de 1 440 000$. Toutefois, ce coût ne représente aucunement une dépense en trésorerie imputable à la société Metro Transit, puisque le nombre de passagers n’a aucune incidence sur le coût total. Néanmoins, il s’agit d’un manque à gagner pour la société de transport, dont les avantages sont nombreux.

Selon Gerry Mills, Directeur de l’Association de services aux immigrants de la Nouvelle-Ecosse (ISANS), « la contribution de la ville a fait une différence significative envers les populations réfugiées, pas uniquement ceux accueillis par le gouvernement, mais aussi ceux qui ont fait l’objet d’un parrainage privé ». Une contribution qui, en plus d’impliquer un accès à une pléthore de services, de loisirs et de soins médicaux, permet également aux réfugiés de saisir des opportunités qu’ils n’auraient probablement pas pu prendre. A titre d’exemple, le bien être physique d’un individu s’améliore considérablement lorsque celui-ci prend part à des activités récréatives et sportives.

Un rapport de la California State Parks datant de 2005, a permis de souligner que les loisirs en plein air offrent une excellente occasion de pratiquer de l’exercice physique. Citant une étude réalisée en 2001, il révèle que la disponibilité et l’accessibilité de loisirs dans un emplacement donné influent considérablement sur la fréquence d’activité physique exercée par les résidents vivant dans ce même emplacement. Ainsi, compte tenu des circonstances difficiles qui ont causé le départ de ces réfugiés de leurs pays d’origine, la participation à des activités récréatives s’avère nécessaire pour leur bien-être futur. Un bien-être qui permettra sans doute a ses réfugiés de devenir des citoyens canadiens productifs.