Intervention policière auprès des aînés maltraités (IPAM)

Contexte

Le vieillissement de la population mondiale amène des possibilités et défis reconnus dès 2002 dans le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement, adopté par l’Assemblée mondiale sur le vieillissement, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Un des trois engagements pris par les pays rassemblés est la création d’environnements porteurs et favorables. Les villes ont un rôle majeur à jouer pour promouvoir des environnements où les citoyens de tous âges peuvent vivre ensemble. D’ici 2031, près d’un montréalais sur quatre aura plus de 65 ans, soit 500 000 personnes. Comme toutes les métropoles du monde, Montréal n’échappe pas au phénomène de la maltraitance des aînés. A Montréal en 2015, 25% des cas portés à l’attention des policiers concernaient des personnes qui cohabitaient.  Les agresseurs sont souvent des voisins, des relations ou des membres de la famille. Les intervenants sociaux notent également une augmentation du nombre des aînés parmi les personnes sans domicile fixe. Les policiers sont et seront de plus en plus appelés à assurer la sécurité des aînés et à intervenir dans le cas de maltraitance. La maltraitance est tout geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée qui se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée. Elle peut être commise par un membre de la famille, mais aussi par des proches, des voisins, des dispensateurs de services, etc. Les estimations les plus conservatrices estiment qu’entre 4 à 7 % des personnes de plus de 65 ans vivant à domicile seraient maltraitées et de nombreux cas ne sont pas dénoncés. En tant qu’intervenants de première ligne, les policiers sont amenés à intervenir auprès des aînés dans différentes situations de maltraitance, à domicile ou en milieu d’hébergement.

Objectif

Le modèle d’Intervention policière auprès des aînés maltraités (IPAM) vise à mieux habiliter les policiers à reconnaître les situations de maltraitance et à y intervenir en partenariat avec les services publics de la santé, des services sociaux et de la justice ainsi que les organismes communautaires.

Mise en œuvre

Un partenariat s’est créé entre la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ensemble, ils ont mené une recherche-action durant trois ans (2013-2016), financée en partie par le gouvernement du Canada, dans le cadre du programme Nouveaux horizons pour les aînés. Cette vaste étude a documenté les pratiques policières existantes au sein du SPVM, ailleurs au Canada et dans le monde puis a ciblé les besoins des policiers du SPVM en matière d’intervention auprès des aînés maltraités. Les résultats ont permis de développer un modèle opérationnel IPAM, de le tester lors d’un projet pilote, d’en évaluer l’implantation et les effets avant de l’implanter au sein de tout le SPVM.

Le modèle IPAM comprend 57 actions, déclinées en pratiques. Parmi ces pratiques, des outils de prévention ont été conçus en plusieurs langues. Un aide-mémoire pour la détection facilite la reconnaissance d’indices de maltraitance. Un mode de fonctionnement ainsi qu’une procédure d’intervention définissent les rôles de toutes les catégories de policiers dans la détection, l’intervention de première ligne, les suivis auprès des aînés en synergie avec ceux offerts par les services et organismes adéquats, l’enquête et le processus judiciaire. Les collaborations avec les services publics de santé et sociaux ainsi que les organismes communautaires sont précisées et renforcées. Une formation en ligne est offerte aux policiers. Des policiers « responsables » sont garants de la coordination de l’intervention auprès des aînés maltraités au niveau local, régional et corporatif. Un plan de communication assure le rayonnement du modèle auprès de tous les policiers et dans la communauté. L’évaluation du modèle permet son ajustement continu.

Résultats observés 

Les patrouilleurs se sentent mieux outillés pour détecter des cas de maltraitance, plus à l’aise dans leurs interventions auprès d’aînés et ont développé plus de réflexes à signaler des situations non criminelles.

L’identification de nouveaux partenaires a facilité les collaborations dans les suivis.

Les interventions en duo entre un policier et un intervenant du réseau public de la santé et des services sociaux ou du réseau communautaire se sont consolidées.
La présence policière dans les situations non criminelles est bénéfique pour sécuriser les aînés et prévenir la maltraitance.

Le modèle IPAM a été implanté à l’ensemble de l’île de Montréal en mai 2016. Il fera l’objet d’une évaluation d’impact en 2018.